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Quelques anecdotes relatives aux noms des quartiers BAPA

1)   TSELA ; (Lù’ ; pù’ké, ŋkém tsé la’a,….)

«Tsela» signifie étymologiquement, la tête du village, mieux encore, le Nord ou la porte d’entrée du village. C’est la tête pensante du village.

Les « tsela’a » sont souvent considérés à Bapa comme des gens très rusés, on les assimile à la ruse des singes ; c’est pourquoi, quand il y a deuil ou funérailles à TSELA, on te demande de  prendre ton temps et de bien prendre ton petit déjeuner le matin avant d’y aller. Autrement dit, en allant au deuil ou aux funérailles à « tsela », il faut bien prévoir la nourriture du deuil appelée«kwïe wouo». Leur en donner une partie et laisser  l’autre dans le sac que toi-même dois manger, au cas contraire tu mourras de faim.

2)   NTOP ; (tsékém ; cwïe ; ñgùlù’, gufe ; njymtóp…..)

«Ntop» signifie germer, fleurir, croître, grandir ; on suppose un quartier où l’agriculture trouve un sol fertile, plein d’humus. Personne ne devrait manquer de quoi vivre ou de quoi manger dans ce quartier à moins d’être un paresseux ;  c’est un quartier des naïfs. Les « ntop » sont reconnus pour leur manque de tact dans les affaires, ils sont facilement dupés, trompés en politique ; comme un manque de maturité ou de discernement avant l’action. Ils sont prédisposés à être de bons chrétiens dit-on, car ils sont trop simples. Ils considèrent tout venu comme son frère de ventre, lui donne tout sans réserve. Ils sont des travailleurs,des chercheurs de biens.

3)   NDENPA ; (ntùgu ; yóm ; cwiþ ; kâdeñ ;ntùkœp, tukuo’o, lunwuo’o ; yóme Turnangwo’o,…)

«Ndenpa» signifie le nombril, le bas ventre, la boîte noire et secrète du village Bapa. On dirait le coffre fort ou mieux le quartier général de l’arsenal militaire, d’où part toute politique ou toute philosophie de l’équipe gouvernementale du village Bapa. C’est le siège des radars et des satellites pour assurer la sécurité à la fois militaire, spirituelle, politique, économique, sociale et culturelle. Les « ndenpa » sont connus pour leur fermeture, hostiles à la nouveauté, très conservateurs, ils n’aiment pas qu’on les bouscule dans leur manière traditionnelle d’être. S’ils ne perçoivent pas rapidement leur intérêt dans un projet, comme les français, ils restent intraitables, inflexibles, impénétrables, inabordables. Ils partagent peu leurs idées et restent très ferment sur leur décision. Ils n’ont peur de personne. Ils parlent peu et parfois ils sont traités d’individualistes.

4)   NDJEUKOUO ; ( fémlu’ ; ceméwañ ; ntùpé ;fémca’a ; tsé nja’a ; lùñsyœ, la’afè, va’avac…) 

«Ndjeukouo» signifie l’autre côté de la rive ; les gens de «ndjeukouo», autant que ceux de « tsela » et même plus qu’eux, sont les plus rusés. Si la ruse des gens « tsela » se limite au comportement et à l’apparence extérieure, celle des gens de «ndjeukouo»est liée à leur nature même, à leur être même. Les gens de «ndjeukouo» sont non seulement si rusés, ils ne croient toujours être les meilleurs en tout et pour tout. Parfois, ils se rivalisent même au chef du village. Pour eux nul n’est plus fort, plus intelligent, plus puissant qu’eux. Leur orgueil les pousse à vouloir tromper toutes les personnes sur leur passage  par ruse. Pour eux ils sont de la race pure, dont la vocation est de dominer et de conquérir les autres pour les soumettre à leur vision du monde. Ils sont très méfiants de tout et de rien. Si tu lui demande de t’apporter la cuvette pour puiser de l’eau pour fabriquer les briques de terre, il  t’apportera le panier pour ramasser le sable ; il feinte de ne t’avoir pas bien compris au départ. Mais au fond, son intention réelle c’est qu’il ne veut pas puiser l’eau, en apportant le panier qui ne peut contenir de l’eau, il veut te regarder puiser seul quand lui te nourrira de son commentaire oisif ou flatteur. Si un «ndjeukouo», te rencontre sur  la route avec son fagot de bois sur la tête, il va bien te saluer et te supplier de prendre, pour quelques secondes, son fagot de bois  sur ta tête,  et de t’avancer un tout petit peu,  le temps pour lui de faire ses besoins à côté. Tu ne le reverras derrière toi qu’à quelques mettre d’arriver de votre destination et il te dira, tu marche très vite, c’est excellent tu pourras gagner le marathon… excuse-moi, j’ai eu une diarrhée terrible toute la nuit. Or,son intention réelle est de te faire transporter son fagot.

5)   NDJEUWANG ; (ndœ’njém , njymgu ; lóm…)

« Ndjeuwang » signifie de l’autre côté  du marché, de l’autre côté  du secteur commercial. Les gens de «ndjeuwang» sont très fragiles, incapables d’affronter la réalité ou la vérité en face. A peine débout en face d’une difficulté, qu’ils se sont découragés. Pour eux la vie est comme un fardeau, trop et vie ils tombent des le désespoir. Ils sont comme des rêveurs, des somnolents.   

6)   LA’AGOU. ( ña’a ; lóm…)

«La’agou» signifie à la fois le village en brousse, l’éternel épaulé ; l’incapable de s’en sortir par lui-même. Une personne qui sera éternellement assistée,transportée ; qui ne peut s’en sortir qu’étant transporter sur le dos d’une tierce personne. Il incapable d’initiative personnelle. Si tu entreprends au près de lui, il te vient rapidement au secours pour te donner des idées nouvelles pour te féliciter et t’encourager, mais dans l’optique de te phagocyter et prendre ta place. C’est le vrai Bapa dans son sens étymologique du terme. Pourtant les gens de «la’agou» semblent très charitables, promptes à te venir en aide et au secours. Comme les gens de « Ntop », les gens de «La’agou» sont compatissants, ils partagent ce qu’ils ont avec l’indigent ;facilement ils s’ouvrent à l’autre, mais dès qu’ils sentent un danger, ils se replient rapidement sur lui-même contrairement aux gens de «ntop» qui se donne sans réserve.

7)   KHHIALA ((tsu’o, ntuna’aghwó’ó, Fuona’a)

 

«Khhiàlà» signifie le centre, du village, autrement dit, le cœur même et l’intelligence du village. Autrement dit, c’est la tête de la locomotive, la tête du train qui conduit tout le wagon. C’est le siège ou mieux le territoire de sa majesté, le lion de la forêt. Le lion c’est le roi de la forêt, rien que sa voix fait trembler tous les habitants de la forêt.  Il domine sur tous les animaux. De même, «Khhiàlà» signifie le dominateur du village, l’écraseur ; mieux  le rouleau compresseur du village. C’est une puissance, une force qui donne l’orientation et précise l’objectif à atteindre. Il a le pouvoir sur tout ce qui vit et respire dans son territoire ; c’est à la fois le zénith et le nombril du village. A son passage, on courbe sa tête et son vissage sous forme de respect, de soumission, et d’allégeance.

Les gens de «Khhiàlà», comme ceux de «tsela» et de «ndjeukouo», sont super et extra dominateurs, plein d’autorité, de zèle, d’un esprit de quête et de reconquête.C’est la race pure, la race  choisit et prédestinée. Ils veulent être en permanence frotté, huilé, lubrifié, glorifié et encensé. Ils sont appelés à diriger le village. C’est leur nature, une vocation.

LA RICHESSE DE BAPA

Qu’est-ce qui fait la richesse de Bapa ?C’est cette multitude d’énergie qui habite sa population. On y rencontre autant d’énergies variées. Dès lors, il s’agit de mettre en commun cet ensemble de force et d’énergie ; loin de nous séparer, cet atout devrait nous permettre de composer ensemble pour bâtir un village fort et prospère. Ainsi,le rusé, le naïf, l’orgueilleux, le charitable, le dominateur, le travailleur devraient s’unir pour faire bloc, prendre un peu de force, d’énergie, de puissance de l’autre et en ajouter à la mienne pour former les êtres unis,solides et indomptables de Bapa.

PAR JOSEPH TEFANG,